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Perception de la Douleur : Comment le Dialogue Influence-t-il notre Ressenti ?

Dernière mise à jour : 4 mars


 

Vivre avec une douleur chronique est un combat quotidien pour de nombreux patients. Cependant, la manière dont cette douleur est abordée, à la fois par les professionnels de santé et par les patients eux-mêmes, peut amplifier ou atténuer ce ressenti.

 

Les patients confrontés à des douleurs chroniques entendent parfois des professionnels de santé des commentaires qui suscitent en eux peur, désespoir et un profond sentiment d'impuissance. Alors que de telles affirmations manquent souvent de fondement scientifique, elles n'en restent pas moins potentiellement nuisibles. Des déclarations telles que : "Avec une colonne vertébrale dans cet état, c'est surprenant que vous puissiez encore vous tenir debout" ou "Au vu de votre arthrose, vous allez devoir vous habituer à la douleur pour le reste de votre vie", peuvent avoir un impact démesuré sur la psyché du patient et sur son moral.

 

À l'opposé, confrontés à leur douleur, certains patients emploient des métaphores dures « C’est comme un coup de couteau, comme une brûlure », « Un éclair qui frappe la jambe », ou encore parlent d'une « tête sur le point d'exploser », d'un « dos en morceaux » ou d'une "articulation foutue".

 

Même si ce langage est devenu courant, il met le corps en état d'alerte permanent. La confiance dans le corps s'effrite rapidement, et aujourd'hui, beaucoup croient que leur corps est constamment au bord de la rupture, ou à un pas d'une maladie grave, nécessitant une surveillance et un soutien médical constant.

 Ce phénomène, est d'autant plus renforcé aujourd'hui par les réseaux sociaux. On me parle souvent du compte Instagram de Bryan Johnson qui emploie une équipe de 30 médecins pour aider son corps et ses organes à retrouver leur jeunesse. Visiblement, ils me disent « ça fonctionne !» 

J'avais évoqué dans un précédent article que la douleur est une réponse du cerveau face à une menace perçue. 

Lorsque des croyances sociétales véhiculent l'idée d'un corps fragile, et que des professionnels de santé le confirment, des alertes se déclenchent dans notre cerveau, faisant de la douleur un phénomène encore plus prégnant et intense.

 


 

L'ennemi caché : L'effet nocebo

 

Des croyances sur la douleur peuvent non seulement intensifier la sensation, mais aussi engendrer de nouveaux maux. C'est ce que l'on appelle l'effet nocebo, le versant obscur de son homologue plus connu, l'effet placebo. Ce phénomène survient lorsque des attentes négatives, souvent en lien avec un traitement médical, déclenchent des conséquences indésirables, telles que des douleurs accrues.

 

Prenez l'exemple de la blessure du "coup du lapin"associé aux accidents de voiture. Il s’agit d’un traumatisme cervical, qui se produit généralement, à cause d'un choc arrière ou d'un changement de vitesse brusque. Bien qu'il s'agisse d'une douleur localisée dans le cou, qui peut devenir chronique, sa manifestation et son intensité est fortement influencé par l'effet nocebo. 

 

Une étude, simulant un accident sans réelle collision, a révélé qu'un cinquième des participants ont rapporté des douleurs cervicales une semaine après la simulation. La simple idée d'avoir été dans un accident réel était suffisante pour déclencher cette douleur.




 

La partie la plus incroyable de notre histoire, la différence culturelle.

 

Des recherches effectuées en Lituanie, après des vrais accidents de ce type, ont montré une particularité : il n'y avait pas d'augmentation des douleurs cervicales un an après l'incident,comparativement à la population générale (mondiale). Pourquoi ? Car, en Lituanie, le "coup du lapin" n'est pas réellement diagnostiqué (incroyable mais vrai !!!). De plus, les Lituaniens sont généralement réticents à consulter après de tels accidents. Ces études mettent en lumière la manière dont nos croyances culturelles et sociétales influencent la perception et l'intensité de la douleur.

 

Des comportements tels que l'évitement, la crainte de bouger ou la tendance à exagérer la gravité de la douleur (catastrophisme) sont autant de signes avant-coureurs de la chronicité de la douleur. Des modèles de recherche suggèrent que ces attitudes, renforcées par la peur, contribuent à prolonger et intensifier la douleur. À court terme, éviter certains mouvements par crainte de la douleur peut sembler judicieux. Mais à long terme, cela conduit à une restriction de la vie quotidienne, à la dépression, et, paradoxalement, à une amplification de la douleur.

 

Que faire face à cette douleur omniprésente ?

 

Le langage joue un rôle clé dans la perception de la douleur. Ne prenez pas trop à cœur les commentaires pessimistes qu'on vous fait  à propos de la douleur chronique. La douleur persistante n'est généralement pas due à un dommage physique, mais à une surstimulation du système nerveux et à des voies nerveuses conditionnées. Rappelez-vous que le cerveau a une capacité d’adaptation (la plasticité du cerveau) et que la douleur chronique peut changer.

Prêtez attention aux mots que vous utilisez. Optez pour des termes plus neutres ou doux, et évitez les expressions dramatiques ou menaçantes.

Prêtez attention aux pensées automatiques qui surgissent en réponse à la douleur et notez-les. Pour moins s'identifier à ces pensées négatives, vous pouvez les catégoriser (par exemple : auto-dévalorisassions, auto-critique, colère) ou dites-vous : "J'ai remarqué une pensée sur...". Rappelez-vous qu'il s'agit simplement de pensées, elles ne reflètent pas nécessairement la réalité.

 

- Déconnectez-vous des forums en ligne traitant de votre syndrome douloureux. La plupart des forums se concentrent sur les malheurs des autres participants. Bien qu'ils offrent un sentiment d'appartenance (un malheur partagé est un malheur diminué), ils peuvent aussi être déprimants et vous focaliser sur la maladie plutôt que sur la guérison. Limitez-vous aux sources d'information qui vous font vous sentir mieux et vous donnent de l'espoir.

 

- Ne vous abstenez pas degarder une motricité normale. Commencer par une exposition très progressive à ce que vous avez évité, dans un environnement sûr et sécurisé. Gardez à l'esprit que le simple acte d'exposition (par exemple, se pencher en avant) est plus important que la quantité de douleur ressentie pendant ou après. Félicitez-vous simplement d'avoir réalisé l'exposition, quelle que soit son issue.

- Envisagez de suivre une thérapie : la méthode "Tissual Balancing" se consacre à l'harmonisation fine des tissus, tels que les muscles, ligaments et fascias. Grâce à des techniques manuelles apaisantes, elle dissipe tensions et améliore la circulation, atténuant douleurs et malaises associés au mouvement. Elle invite à une prise de conscience de la douleur comme sensation parfois subjective, favorisant un retour à la mobilité sans crainte et à un bien-être rétabli. En comprenant que chaque douleur n'est pas nécessairement synonyme de danger, on s'ouvre à une existence plus dynamique et épanouissante.

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